Le carbone bleu est le carbone stocké dans les écosystèmes côtiers et marins, tels que les mangroves et les prairies marines.
Ces écosystèmes représentent d’importants puits de carbone qui séquestrent ce dernier pendant des milliers d’années, et fournissent un large éventail de services écosystémiques qui font subsister les populations côtières, ralentissent les effets du changement climatique et le déclin de la biodiversité.
Par exemple, en Méditerranée, les herbiers de Posidonia oceanica servent d’habitat et de zone de frayage à d’innombrables espèces marines et contribuent au renouvellement des ressources halieutiques, à la qualité de l’eau et au ralentissement de l’érosion des côtes. Les mangroves, en Afrique de l’Ouest, apportent elles aussi des bénéfices similaires.
Cependant, malgré leur importance, ces habitats disparaissent sous diverses pressions anthropiques.
Les activités humaines détériorent ces écosystèmes qui perdent leur fonction de puit de carbone et le relâchent dans l’atmosphère, contribuant ainsi à l’accélération du changement climatique. De surcroit, leur dégradation prive la biodiversité d’habitats essentiels à son maintien.
L’artificialisation des littoraux est une grande menace pour ces écosystèmes côtiers. La Posidonie, en plus d’être menacée par le chalutage, l’aquaculture, la pollution agricole et le rejet d’eaux usées, est particulièrement touchée par le développement de la navigation de plaisance et l’ancrage répétée des navires sur les herbiers. Quant à la dégradation des mangroves, le manque de gestion administrative des littoraux ouest-africains et l’accès non réglementé aux ressources naturelles sont en cause.
En Méditerranée, au cours des 50 dernières années, jusqu’à 50% de la superficie des prairies de Posidonie ont disparu. Les herbiers restants ont vu leur densité diminuer de 50% au cours des 20 dernières années et sont devenus plus fragmentées. L’ancrage des bateaux peut créer des cicatrices de 1 à 2 mètres de large et de 300 mètres de long. En Afrique de l’Ouest, les mangroves sont en déclin de 25% entre 1980 et 2006, soit un taux annuel moyen de 2-7% en termes de stockage de carbone.
Face à l’insuffisance de fonds publics pour protéger ces habitats vitaux, les défenseurs de l’environnement se tournent de plus en plus vers des initiatives novatrices qui impliquent la collaboration entre le secteur public et le secteur privé.
Depuis le protocole de Kyoto de 1997, le marché du carbone est un moyen, pour les entreprises, de compenser leurs émissions de gaz à effet par l’achat de crédits carbone pouvant être réinvestis dans des projets certifiés de préservation ou de replantation d’écosystèmes séquestrateurs de carbone.
Toutefois, l’élaboration de projets de financement carbone bleu pour protéger les écosystèmes côtiers est un défi, car elle nécessite du temps, un niveau élevé d’expertise et un investissement financier initial conséquent.
Ainsi, à ce jour, très peu de projets marins bénéficient de ce mécanisme. En outre, la récente remise en question de l’intégrité scientifique de projets de carbone terrestre certifiés appelle à un examen rigoureux des méthodes utilisées.
Les solutions que nous apportons
Protection de la Posidonie
Développement d’un projet d’éco-mouillages financé par le carbone bleu
En collaboration avec le Centre d’études avancées de Blanes, BlueSeeds a étudié la faisabilité de développer un projet d’éco-mouillages financé par le carbone bleu visant à protéger les prairies de Posidonia oceanica dégradées par l’ancrage des plaisanciers.
En 2022, notre équipe a passé 7 mois dans la baie de Guillola, en Catalogne pour collecter des données sur le carbone stocké par ces herbiers selon la bathymétrie et les dégâts provoqués par les ancres. Ces données n’ont jamais été quantifiées en Méditerranée dans le but de déduire la perte de carbone due à l’activité d’ancrage. Trois mois d’analyse de données nous ont ensuite permis de modéliser la solvabilité financière d’un projet d’éco-mouillages.
Les résultats indiquent qu’un projet d’éco-mouillages financé par le carbone bleu dans la baie de Guillola pourrait être réalisable en termes de potentiel de réduction des émissions de carbone et de résultats en matière de conservation. Cependant, il est peu probable qu’il soit financièrement réalisable à cause du coût actuel de certification du carbone bleu. Le cofinancement pourrait être une solution supplémentaire pour financer ce type de projet de conservation.
Vous souhaitez en savoir plus sur notre méthodologie et notre projet ?
Protection des mangroves
WAM, un programme d’assistance au financement carbone bleu de la conservation des mangroves d’Afrique de l’Ouest
BlueSeeds et l’UICN ont développé un nouveau projet intitulé WAM pour « West African Mangrove Carbon Project ». Ce programme d’accompagnement vise à aider les gestionnaires d’aires marines protégées ou d’autres acteurs d’Afrique de l’Ouest (ONG et communautés locales) à mettre en œuvre des projets de conservation des mangroves financés par des crédits carbone. Il leur permettra de capter des financements internationaux sous forme de paiements pour le service de séquestration qu’offre ces écosystèmes.
Le projet WAM surmontera l’un des principaux obstacles à la mise en œuvre de tels projets, à savoir que les gestionnaires locaux n’ont pas les compétences techniques et financières nécessaires pour vendre des crédits de carbone certifiés. Il apportera une aide à ces acteurs sur trois aspects : le développement de projets de financement carbone bleu, la protection des mangroves contre la dégradation et leur restauration.
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Sous forme de projet, cela s'est traduit par...
ImplémentationRažanac, Gospić, Senj, l'île de Hvar, l'île de Vis et l'île de Korčula, CroatieSeptembre 2023 –
ImplémentationMéditerranéeAoût 2024 – Aujourd'huiNom officiel du projetConsultancy Study to Identify Financial Flows and Existing Financing
ImplémentationCampus SophiaTech de l'Université Côte d'Azur, Biot, FranceOctobre 2021 – Aujourd'huiNom officiel du projet— Coordinateur(s)