Solutions pour une gestion efficace de la conservation

Pour mener un travail efficace de protection des écosystèmes, une aire protégée doit posséder un plan de gestion. Ce document fondamental établit ses missions, ses objectifs et ses activités de conservation, et les moyens nécessaires à leur réalisation.

Quarante-sept pour cent des sites marins européens Natura 2000 ont déclaré ne pas avoir de plan de gestion. Pour ceux dotés d’un plan, leur application a tardé—laissant des sites sans gestion pendant une période pouvant aller jusqu’à 11 ans—et 80 % des plans se sont révélés incomplets (Perry et al., 2020) .

Cette situation ne concerne pas que les sites Natura 2000. Dans le monde entier, les aires protégées dites « de papier » n’ont que très peu d’impact environnemental. Celles qui sont dotées d’un plan opèrent souvent avec un document d’en moyenne 200 pages, difficilement communicable aux parties prenantes et appropriable par les équipes.

L’absence ou la présence d’un plan de gestion trop complexe se répercute directement sur l’organisation interne comme externe de l’aire marine protégée. Les équipes rencontrent des difficultés à planifier leurs activités et leurs besoins financiers, et à allouer de façon productive leurs ressources humaines, financières et matérielles.

Un des grands freins à l’efficacité de gestion des projets de conservation réside dans le manque de collaboration entre les acteurs qui dépendent des espaces protégés pour vivre.

Ce manque de collaboration est d’abord perceptible entre les porteurs de projets de conservation. Les problématiques environnementales sont souvent les mêmes à travers monde, ce qui créé par conséquent une duplication des projets. Le manque de communication entre les porteurs de projet entraîne cependant une mise en silos du travail et de leur impact. Une plus coopération entre ces acteurs qui travaillent sur des thématiques communes pourraient s’avérer bénéfiques pour accroître la visibilité de leurs actions et leur potentiel d’attirer des financements.

Par ailleurs, un travail important d’engagement des acteurs vivant à proximité d’espaces protégées est à réaliser. L’établissement d’une aire protégée peut engendrer de nombreux conflits d’usage des milieux marins qu’il importe de mitiger. En effet, lorsqu’il s’agit des activités humaines, protéger implique restreindre, que ce soit l’accès à la zone, les activités économiques ou encore l’exploitation des ressources. Il est impératif pour les porteurs de projets de conservation de consulter et impliquer les locaux, les autorités locales et les pêcheurs dans les projets pour garantir l’acceptabilité sociale de leurs actions et assurer leur impact.   

Les équipes des aires protégées font face à un manque de ressources financières, matérielles et humaines pour mener à bien leur mission. Ces carences les obligent consacrer du temps à la réalisation de diverses tâches annexes qui ne contribuent pas directement à leur mission de protection des milieux naturels.

Par exemple, la gestion de la fréquentation est une tâche d’importance en haute saison touristique, durant laquelle les espaces protégés peuvent être menacés par la surfréquentation. Les équipes sont mobilisées pour surveiller l’afflux et le comportement des visiteurs sur le site, et s’occuper de la collecte de frais d’entrée ou de mouillage.

La recherche de financement est une autre activité chronophage qui requiert, pour les gestionnaires d’aires protégées, de mener des activités régulières de veille et de recherche de bailleurs, de rédiger des projets de conservation conformes à leurs attentes, et de mener un reporting de données une fois le projet financé.

Enfin, pour assurer leur efficacité, les aires protégées doivent faire participer diverses parties prenantes dans leur processus de gestion. Cette mission d’engagement peut se traduire par des activités de sensibilisation du grand public, ou encore la consultation régulière d’acteurs qui dépendent de l’espace naturel pour vivre, comme les pêcheurs et les locaux.